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Pisistrate fut tyran d'Athènes de 561 à 527 avec deux interruptions de quelques années pendant lesquelles il dut s'exiler.
La situation qui l'amena à s'emparer du pouvoir dans la cité fut en quelque sorte le résultat des mesures par lesquelles Solon avait tenté de résoudre la crise du début du VI eme siècle.
- Les puissants, les membres de vielles familles aristocratiques étaient lésés par la seisachteia, l'opération qui aurait mis fin à la dépendance des petits paysans.
- Le démos, de son côté, était mécontent de ne pas avoir obtenu le partage égalitaire du sol qu'il réclamait.
Les années qui suivirent le départ de Solon furent des années de trouble et d'anarchie (au sens propre du terme : sans archonte).
Il s’imposa au milieu des troubles qui suivirent les réformes
de Solon ; vers 560, on distingue plus ou moins nettement l’existence
de trois ou quatre groupes sociaux :
Pisistrate disposa toujours de la clientèle de ce dernier groupe et d’appuis nombreux dans la classe moyenne. La façon dont il imposa son pouvoir sur Athènes est bien dans la manière des tyrans.
Déjà populaire, il simula un attentat contre sa personne. Inquiet pour la sécurité de son chef, le parti populaire lui fit accorder une escorte de portes-massues dont Pisitrate se servit immédiatement pour s’emparer de l’Acropole (560).
Expulsé en 556, il revint en 550 quand Athènes fut de nouveau menacé de troubles graves, il revint comme le protégé d'Athéna, patronne de la ville qui le ramena sur son char devant les Athéniens stupéfaits.
C’était une fleuriste de l’agora nommée Phyé, qui avait prêté son imposante stature à cette mise en scène.
Les membres des grandes familles se disputaient le pouvoir en s'appuyant sur leur " clientèle " régionale. Il fut chassé quelques années plus tard mais réussit à revenir grâce à l'appui de la famille des Alcméonides et de son chef Mégaclès dont il épousa la fille.
Pisitrate repartit presque aussitôt ; il ne devait gouverner athènes sans contestation qu’après être revenu à la tête d’une armée de mercenaires.
De 539 à sa mort en 528, il put influer directement sur le destin d'Athènes, gouvernant par l'intermédiaire de ses amis et parents qu'il plaça aux principales magistratures.
Il désarma les hoplites, condamna à l'exil un certain nombre de ses adversaires, mais tout en prenant soin de placer ses partisans dans les principales charges. Il ne modifia pas la constitution et respecta la législation de Solon.
Il prit des mesures en faveur des petits paysans ,leur consentant des prêts et leur assurant par l'envoi de juges itinérants le respect des lois. Il se procura des revenus en imposant une dîme aux plus riches, grâce à quoi, il put développer la flotte, embellir la cité dont la population s'accrut sensiblement.
C'est en effet le moment où la céramique athénienne à figures noires puis à figures rouges, commence à s'imposer sur tout le pourtour de la Méditerranée, détrônant la céramique corinthienne.
Les potiers, souvent d'origine étrangère, étaient installés dans le quartier du Céramique. Pour nourrir cette population accrue, Pisistrate noua des relations avec les Etats riverains de la mer Noire, ouvrant ainsi la voie à ce qui serait la politique maritime d'Athènes au siècle suivant.
Pour les petites gens ce fut un nouvel " âge d'or ". Les biens des adversaires politiques furent confisqués et partagés, les petits paysans soulagés par des prêts; des juges ambulants parcoururent les campagnes pour régler vite et sans frais les petits litiges dont les nobles tiraient autrefois de grands profits.
Sous le gouvernement de Pisistrate Athènes conquit définitivement Salamine, s'assura le passage des Détroits qu'elle devait ensuite tenir durant près de deux siècles malgré quelques interruptions, et mit la main sur le sanctuaire de Délos qui était un des plus riches marchés de la mer Egée.
Il n'hésita pas à confier à Miltiade, chef de la puissante famille des Philaides, le soin d'établir une colonie athénienne en Chersonèse de Thrace afin de contrôler les Détroits par où passaient les convois de blé venant du Pont Euxin.
Concurrençant Corinthe, Athènes exporta ses produits, surtout l'huile et le vin, qui enrichirent sa paysannerie et ses nombreux céramistes.
La prospérité fut suffisante pour que Pisistrate puisse lever un impôt de 5 % sur la paysannerie et les produits du sol. Ce fut suffisant pour financer une politique somptuaire dont seule l'époque de Périclès allait offrir un équivalent.
Temples nouveaux :
Travaux édilitaires :
Tout cela contribua à la gloire d'Athènes en fournissant du travail à toute la population .
L'institution des Grandes Panathénées, fête patriotique donnée en l'honneur d'Athéna, et les grandes Dionysies données en l'honneur de Dionysos, protecteur des paysans et des vignerons, furent l'occasion de manifestations littéraires.
Athènes y prit peu à peu le visage de capitale intellectuelle de la Grèce: récitation de poèmes homériques que Pisistrate et ses fils firent définitivement rédiger, représentations consacrées à la récitation d'épisodes de la vie de Dionysos, où le concours ouvert entre les auteurs fut remporté par Thespis.
Bien que seul maître d'un pouvoir qu'il transmit à ses fils Hippias et Hipparque, Pisistrate peut donc être compté parmi ceux qui, après Solon et avant Clisthène, contribuèrent à créer les conditions de l'avènement de la démocratie.
Il est significatif qu'alors que la tyrannie était tenue par les Athéniens pour le plus grand danger menaçant la démocratie, la personne de Pisistrate soit demeurée dans la tradition affectée d'un signe positif, et que tous se soient plu à vanter sa modération et son amour du démos.
(C.Mossé, Dictionnaire de la civilisation grecque, M.Meuleau,Le monde antique coll. Le monde et son histoire .)
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