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La guerre du Péloponnèse, qui dura un quart de siècle, de 431 à 404 av. JC, opposa dans une lutte acharnée Athènes et ses alliés d’une part, Sparte et les siens de l’autre. Provoquée par des incidents mineurs ( affaire de Corcyre, affaire de Potidée, décret de Mégare ), elle fut, comme se plaît à le souligner l’historien Thucydide, la conséquence de l’établissement de l’hégémonie athénienne dans l’Egée, en même temps qu’elle prit vite l’allure d’un affrontement idéologique entre les démocrates partisans d’Athènes et les oligarques partisans de Sparte.
On a coutume de distinguer deux grandes périodes :
Périclès, dont l’intransigeance à l’encontre de Sparte avait contribué au déclenchement de la guerre, avait envisagé, dans la perspective d’une guerre qui devait être courte, une stratégie qui s’avéra être de peu d’efficacité.
Toute la population de l’Attique avait été invitée à se replier à l’intérieur de l’ensemble fortifié que constituaient Athènes, les Longs Murs et le Pirée, abandonnant de ce fait le reste du territoire aux pillages et aux rapines des Lacédémoniens.
Or, ce qui aurait pu être opératoire si l’ennemi avait renoncé après une première campagne indécise, fut au contraire à l’origine de bien des déboires pour la cité. L’entassement de la population à l’intérieur des murs aggrava les conséquences de l’épidémie de « peste « qui se répandit dans les rangs athéniens durant la seconde année de la guerre.
Les coups de mains de la flotte athénienne sur les côtes péloponnésiennes n’eurent pas l’effet qui en était attendu : les Spartiates et leurs alliés continuèrent à ravager le territoire de l’Attique, presque sous les yeux des paysans athéniens dont le mécontentement ne cessa alors de croître.
Périclès faillit faire les frais de ce mécontentement, mais fut pourtant réélu stratège. Cela ne lui servit pas à grand-chose cependant puisqu’il mourut la même année, l’une des dernières victimes de l’épidémie en 429.
Désormais chaque printemps verrait revenir les envahisseurs péloponnésiens, cependant qu’Athènes, de son côté, multipliait les expéditions maritimes destinées en premier lieu à maintenir ses alliés dans l’obéissance : expédition de 427 contre Mytilène qui avait tenté de se rapprocher de Sparte par exemple.
C’est à cette occasion que Cléon fit sa première apparition sur la scène politique, même s’il ne fut pas suivi lorsqu’il demanda la mise à mort des habitants de la cité. Cléon allait contribuer à donner à la guerre du côté athénien un tour de plus en plus implacable.
Il réussit personnellement à remporter une victoire sur une armée spartiate qui tentait d’empêcher les Athéniens de demeurer maîtres de la place forte de Pylos. Mais il devait trouver la mort en tentant de reprendre Amphipolis, dans le Nord de l’Egée, au spartiate Brasidas.
Les pourparlers de paix s’engagèrent peu après et aboutirent à la conclusion en 421 d’un accord aux termes duquel Athéniens et Lacédémoniens se restituaient réciproquement les territoires conquis. La paix avait été conclue pour cinquante ans, elle ne dura en fait que six ans et dix mois. Le prétexte de la rupture du traité fut l’expédition envoyée par Athènes en Sicile au printemps de 415.
Cette expédition avait été décidée pour répondre à l’appel des gens de Ségeste contre leurs voisins de Sélinonte. Elle avait, selon Thucydide, donné lieu à un vaste débat à l’assemblée, au cours duquel s’étaient affronté Nicias et Alcibiade. Ce dernier, nouveau venu sur la scène politique athénienne, appartenait à une vielle et riche famille aristocratique et avait eu Périclès pour tuteur. Il fit miroiter aux yeux des Athéniens la facilité d’une opération qui ne leur apporterait que des avantages ; il fut suivi par la masse du démos.
L’expédition, préparée à grands frais, partit cependant sous de mauvais auspices. Peu avant le départ, on avait trouvé mutilés les Hermès, ces bornes de pierre surmontées de la tête du dieu qui étaient placées aux carrefours et devant les maisons. Une enquête révéla bientôt que des jeunes gens se livraient à des parodies des Mystères d’Eleusis dans des maisons privées. Le nom d’Alcibiade fut prononcé.
L’expédition était déjà partie, il en était avec Nicias l’un des commandants. Rappelé à Athènes, il préféra prendre la fuite. Quant à Nicias qui avait dès le départ manifesté son hostilité à cette expédition qu’il jugeait aventureuse, il se trouva bientôt aux prises avec d’insurmontables difficultés. Les appuis attendus se révélèrent inexistants alors que se développait la résistance conduite par les Syracusains.
Ces derniers ne tardèrent pas à recevoir l’aide de Sparte, et, tandis que la guerre reprenait en Grèce proprement dite, les Athéniens subissaient en Sicile un désastre complet (413)Au moment même où l’armée athénienne de Sicile se rendait aux Syracusains, le roi de Sparte, Agis, s’emparait en Attique de la forteresse de Décélie.
Désormais l’ennemi était installé à demeure sur le territoire de l’Attique et il put le ravager à son aise. Les Athéniens, selon Thucydide « se trouvaient coupés de toute leur campagne, plus de vingt mille esclaves avaient déserté, en majorité des artisans, tous les troupeaux et les attelages avaient péri….. » ( VII, 27 )
Athènes allait devoir bientôt à affronter un autre danger : les adversaires de la démocratie, profitant du désarroi général, préparèrent une révolution oligarchique. En 411, ils réussirent à se rendre maîtres de la cité. Mais les soldats et les marins athéniens cantonnés à Samos refusèrent de les suivre, et les oligarques furent peu après contraints de renoncer au pouvoir.
Cependant, Alcibiade, qui avait dans un premier temps intrigué avec eux dans l’espoir de rentrer à Athènes, s’était finalement retourné vers l’armée de Samos qui le rappela comme stratège. Il allait remporter une série de victoires qui lui permirent de renter en vainqueur à Athènes (407).
Mais ces victoires furent sans lendemain. Les Spartiates, avec l’aide du roi des Perses et de ses satrapes avaient pu rassembler une flotte qui, confiée au navarque Lysandre, entreprit de chasser les Athéniens de leurs positions égéennes. Malgré les efforts redoublés des démocrates redevenus les maîtres de la cité pour renforcer la capacité militaire athénienne et quelques victoires chèrement acquises, la flotte athénienne subit un grave échec à Aigos-Potamos, dans la région de l’Hellespont : tous les navires furent détruits, à l’exception de quelques-uns qui parvinrent à prendre la fuite avec le stratège Conon.
Peu après, Lysandre se rendit maître de toutes les positions égéennes d’Athènes et la flotte spartiate parvint aux abords du Pirée. Dans Athènes, assiégée et menacée par la famine, on redoutait le pire. C’est ce dont profitèrent les adversaires de la démocratie pour conclure la paix avec Sparte, une paix qui privait Athènes de sa flotte, de son empire, de ses murailles et qui entraînait la chute du régime démocratique remplacé par l’oligarchie des Trente (régime dit des Trente Tyrans).
Même si Athènes parvint rapidement à restaurer la démocratie, mais aussi à rétablir ses positions dans l’Egée, la guerre du Péloponnèse lui avait porté des coups dont elle n’allait se remettre que difficilement :
Certes, sur ce plan aussi la cité retrouverait assez rapidement une partie de sa grandeur passée.
Mais il lui faudrait affronter des problèmes multiples qui contribuent à donner un caractère nouveau au fonctionnement de la démocratie au IVeme siècle :
Ailleurs, la guerre, en accumulant ruines et destructions, avait aggravé les antagonismes entre riches et pauvres. Parfois démocrates et oligarques s’affrontaient dans des luttes souvent sanglantes. Et si à Athènes nul ne proposait ouvertement un changement de régime politique, une idéologie anti démocratique se développait au sein des milieux intellectuels. Elle prônait une monarchie éclairée dont certains trouvaient le modèle dans le passé ( La Cyropédie de Xénophon, d’autres dans le présent ( le Philippe d’Isocrate), d’autres dans des constructions plus ou moins utopiques ( La République de Platon )
Ainsi, la guerre du Péloponnèse constitue-t-elle le tournant le plus important de l’histoire de la Grèce ancienne et singulièrement de la démocratie athénienne.
(Claude Mossé, Dictionnaire de la civilisation grecque, pp371-375)
Athènes disposait de mille talents en réserve sur l’Acropole. Sa flotte comptait près de 300 trières, des équipages exercés ; elle avait en outre une réserve de 10 000 vielles classes, une armée de terre de 13 000 hoplites et 1000 cavaliers.
Cette armée avait fait ses preuves dans maintes expéditions depuis la Thrace jusqu’en Egypte.
La confédération péloponésienne pouvait mettre sur pied 35 000 hoplites, dont le noyau était constitué par 4000 Lacédémoniens ; ceux-ci avaient un armement archaïque mais étaient soumis à une forte discipline. Les Béotiens disposaient de 7000 hoplites, de 10 000 hommes d’infanterie légère et une cavalerie redoutable.
En somme, la supériorité d’Athènes consistait surtout dans sa marine, bien que les villes du golfe de Corinthe pussent également équiper une centaine de vaisseaux de guerre.
(J.Hatzfeld, Histoire de la Grèce ancienne, p.224.
Cité par J.Voilquin, introduction : Thucydide, Histoire de la Guerre du Péloponèse pp.11-12 (Paris 1966 ))
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