La campagne de Hongrie

Après la mort de Gengis Khan en 1227, l'expansion mongole connaît une pause. Le successeur du conquérant, son fils Ögödaï, n'est élu grand Khan qu'en 1229. Par la suite, les armées mongoles ont fort à faire pour repousser puis anéantir les armées de la dynastie Kin de Chine du Nord. Après une grave défaite militaire en 1230, Ögödaï décide d'engager le meilleur de ses forces dans une guerre d'anéantissement de l'Empire Kin. Kaï Fong, la dernière capitale des Kins, est anéantie au printemps 1232. Il faudra cependant encore deux ans pour liquider les derniers îlots de résistance.

Le grand Courilté de 1235

Au printemps 1235, fort de la victoire de son armée, Ögödaï convoque un grand Courilté (l'assemblée suprême de la noblesse mongole) pour décider du déclenchement de grandes opérations militaires pour étendre la domination mongole à l'ensemble du monde habité. Il est décidé que l'offensive sera déclenchée sur quatre fronts à la fois: Chine méridionale (Empire Song), Corée, Moyen Orient et Occident.

Les préparatifs contre l'Occident

Après un an et demi de préparatifs, une armée de 150000 hommes sous le commandement de Batou, petit-fils de Gengis Khan et neveu d'Ögödaï, s'ébranle vers l'occident en vue de conquérir toutes les terres jusqu'à l'ultime mer occidentale (l'océan atlantique). Cette expédition rassemble le plus gros de l'armée mongole (moins de 200000 hommes en tout). Si le grand Khan ne dirige pas lui même l'opération, il y envoie deux fils, un petit-fils, cinq neveux (sans compter Batou) et un petit-neveu. Le commandement militaire effectif de l'armée est confié à Subotaï: l'un des généraux les plus expérimentés de l'armée mongole et aussi le commandant avec Djebe des opérations de 1220-1223 contre le Caucase et la Russie.

La campagne de Russie

Partie des environs de la mer d'Aral à l'automne 1236, l'armée se sépare en trois corps d'armées.

Au nord, il s'agit d'anéantir le royaume de grande Bulgarie dont la capitale, Bolgar, près de l'actuel Kazan, ne tarde pas à être détruite (avril 1237).

Au sud, on s'emploie à soumettre les turcs nomades comans ou kiptchaks. Après deux ans de résistance, les débris de l'armée comane s'enfuient vers la Hongrie.

Au centre, sous la direction nominale de Batou en personne (le commandement réel étant assumé par Subotaï), est déclenchée l'invasion des riches principautés de la Russie du Nord. Leur expédition de 1223, et les informations récoltées pendant cette période, permit à Subotaï de préparer cette invasion avec la minutie qui caractérisa les campagnes de son mentor, Gengis Khan. La Volga gelée est traversée pendant l'hiver 1236-1237. Après des mois de ravages des campagnes russes, Ryazan est emportée d'assaut et sa population massacrée le 21 décembre 1237. Moscou, important noeud de communication, tombe en février 1238. L'été 1238 voit la chute de Vladimir, de Kalouga et de Souzdal. Entre temps, l'armée de Youri II, grand prince de Vladimir et de Souzdal avait été anéantie après une bataille de deux jours au bord de la rivière Sil. Des grandes cités de Russie septentrionale, seule Novgorod, sauvée par le dégel qui rendit les chemins impraticables à la cavalerie mongole, échappa à la destruction.

Au printemps 1239, l'armée mongole prend la direction du sud et se regroupe dans la plaine du Don. Le reste de l'année est consacré au repos des hommes et de leurs montures, à l'entraînement de chevaux frais venus du Kazakhstan et aux préparatifs de l'étape suivante de l'invasion.

En 1240, l'offensive reprend, cette fois en direction des principautés russes méridionales. 150000 mongols traversent le Dniepr gelé en Novembre 1240. Pereiaslav et Tchernigov tombent dès l'été. La ville de Kiev est mise à sac et détruite le 6 décembre, après que le prince de Kiev eut refusé la reddition. L'Ukraine devait mettre des siècles pour se relever des dommages infligés durant cette campagne. Plus à l'ouest, le prince de Galicie est obligé de fuir son territoire pour la Hongrie.

Le plan de Subotaï

Début 1241, les chefs militaires mongols se réunissent quelque part en Ukraine pour décider de la suite à donner aux opérations. Il est décidé de porter l'offensive principale contre la Hongrie, le coeur de l'ancien Empire nomade d'Attila.

Disposant de 15 tümens (150000 hommes), Subotaï ne peut tous les engager dans l'invasion car il lui est nécessaire de conserver le contrôle des territoires conquis et de protéger ses lignes de communication. Il laisse donc sur ses arrières une force estimée à 3 tümens (30000 hommes). Cela ne lui laisse qu'environ 120000 hommes pour envahir l'Europe.

Alors que les occidentaux ne connaissent les Mongols que par de vagues rumeurs colportées par des réfugiés Russes et Comans, Subotaï et les chefs Mongols sont probablement assez bien informés sur leurs adversaires. Ainsi, ils ne peuvent sans doute pas ignorer que, potentiellement, chacun des territoires en première ligne de la future invasion (Hongrie, Pologne, Bohème et Silésie) serait en mesure d'assembler une armée plus nombreuse que celle des Mongols et que, de surcroît, l'invasion de l'un quelconque de ces pays aurait toutes les chances de déclencher un conflit avec les trois autres, ainsi qu'avec le Saint Empire.

Pour empêcher ces pays de présenter un front uni, Subotaï décide d'attaquer en même temps sur tous les fronts, de la Pologne à la Hongrie. Par ailleurs, il entend s'emparer de l'Europe centrale sans provoquer l'entrée en lice des grandes puissances Européennes (la Papauté, l'Empire, le royaume de France et celui d'Angleterre). Il lui faut donc compter autant sur les jalousies entre ces puissantes nations que sur la rapidité de son invasion.

Subotaï divise par conséquent son armée en quatre colonnes, ou armées, principales.

La première colonne est chargé de protéger le flanc nord en occupant les polonais et les silésiens. Elle dispose d'un effectif de 2 ou 3 tümens (20 à 30000 hommes). Suivant les sources, elle est commandée par Kaïdou, petit-fils d'Ögödaï ou par Kadan et Baïdan, respectivement fils et neveu d'Ögödaï.

Les trois autres colonnes doivent se porter contre l'objectif principal: la Hongrie.

La seconde armée est mise en charge de la protection du flanc sud. Elle doit envahir la Hongrie par le sud en traversant la Transylvanie et la vallée du Danube. Suivant les sources elle est placée sous l'autorité de Kadan, fils d'Ögödaï, ou de Subotaï lui-même. Son effectif est de 3 tümens (30000 hommes).

Les deux forces restantes doivent forcer séparément les passes des Carpates centrales pour se regrouper ensuite dans la plaine hongroise. Les sources divergent quant à leur organisation. Pour les uns, les deux armées, dirigées par Batou et Subotaï et disposant d'effectifs comparables (3 tümens ou 30000 hommes pour chacune), vont progresser en colonnes parallèles. Pour d'autres, l'une des armée, un seul tümen (10000 hommes) sous les ordres de Cheïban, un frère de Batou, n'est que l'avant garde de l'autre, la principale, constituée d'au moins 6 tümens (60000 hommes) et menée par Batou en personne.

Dans la mesure ou les quatre armées resteront en contact, il va sans dire que le détail précis de leurs opérations n'est pas entièrement figé à l'avance et que, si nécessaire, elles pourront obliquer de leur route pour se rejoindre avant une bataille.

Les opérations en Pologne et en Lituanie

Pour divertir l'attention des polonais, bohémiens et silésiens loin de l'objectif principal, l'armée du nord se met en marche depuis la Galicie un peu avant les autres colonnes. Après avoir traversé la Vistule gelée en février 1241, elle chevauche à travers la Pologne et jusqu'en Silésie, parvenant, en perpétuelle situation d'infériorité numérique, à vaincre trois armées polonaises sur le chemin. Un tümen détaché (10000 hommes) protège le flanc nord: il chevauche au nord jusqu'en Lituanie, puis vers l'ouest à travers la Prusse Orientale et le long de la côte baltique. Les deux autres tümens remportent plusieurs victoire sur les Polonais. Boleslav, le prince de Cracovie et de Sandomierz, est sévèrement battu à Chmielnik le 18 mars 1241. Il doit donc abandonner Cracovie (incendiée par les Mongols le 24 mars) et Breslau (qui ne tarde pas à connaître le même sort).

La panique s'empare alors des campagnes d'Europe du nord-est. C'est l'exode: des colonnes de réfugiés s'enfuient vers l'ouest. Ville après ville étant conquise, détruite et brûlée, le flot ne fait que s'amplifier et les récits des exactions mongoles se propagent et s'amplifient. Lorsque les 20000 hommes de Kaïdou ou de Kadan atteignent la Silésie début avril, les Européens croient avoir affaire à une armée dix fois plus nombreuse.

La bataille de Liegnitz, le 9 avril 1241

Malgré sa croyance en de telles exagérations, la chevalerie d'Europe occidentale est alors prête à se battre. Le prince Henri de Silésie, dit le pieux, assemble une armée de 25000 à 40000 allemands, polonais et chevaliers teutoniques, et adopte une position défensive à Liegnitz, sur le chemin des tümens mongols. De son côté, le roi Wenceslas de Bohème arrive du sud en renfort en menant à marche forcée une armée de 50000 hommes.

Les Mongols décident de frapper lorsque les bohémiens ne sont qu'à deux jours de marche. Encerclés par la cavalerie des nomades, les Européens se battent avec bravoure. Ils sont cependant écrasés et les restes démantelés de l'armée de Henri doivent prendre la fuite vers l'ouest. Lors de cette bataille, les vainqueurs remplissent 9 grands sacs avec les oreilles droites des ennemis tués. Ces sacs d'oreilles étaient utilisés à des fins de statistiques pour comptabiliser les pertes de l'adversaire.

Dans la mesure où les Mongols n'ont pas poussé leur avantage en poursuivant ces rescapés, certains historiens ont supposé que la bataille de Liegnitz n'avait été remportée que de justesse. Rien, pourtant, n'est moins sûr puisqu'en fait, les nomades n'avaient aucune raison de poursuivre les fuyards. Leur mission était en effet accomplie puisque tout le nord de l'Europe centrale, de la Baltique aux Carpates avait été dévasté. et que tout danger sur le flanc nord de l'armée de Subotaï avait durablement été éliminé. En effet, après la défaite du prince Henri, les bohémiens de Wenceslas adoptent une attitude purement défensive. Ils obliquent vers le nord-ouest pour rejoindre des forces hâtivement levées par les nobles allemands.

Ayant brillamment rempli sa mission, Kaïdou ou Kadan rappelle son tümen détaché vers la côte baltique et entreprend de faire route vers le sud pour rejoindre l'armée principale en Hongrie. En chemin, il en profite pour dévaster la Moravie et une partie de la Bohème.

L'invasion de la Hongrie

Parallèlement, les trois tümens (30000 hommes) de l'aile sud atteignent leurs objectifs et ce, malgré des conditions climatiques défavorables (chutes de neige puis rivières en crue) qui ralentissent la progression des chevaux. Après trois batailles, toute résistance s'effondra en Transylvanie le 11 avril. La Moldavie, la Bukovine et la Transylvanie ayant été soumises, les cavaliers remontent au nord vers les plaines hongroises en passant entre le Danube et les Carpates aux Portes de Fer, de façon à rejoindre Batou et le gros des troupes dans les environs de Pest.

Pendant ce temps, le 12 mars, les colonnes de l'armée principale parviennent à percer les défenses hongroises dans les passes des Carpates. A cette nouvelle, Bela IV, roi de Hongrie depuis 1235, réunit un conseil de guerre à Buda, à 300 km de là, afin de trouver un moyen de s'opposer à l'invasion. Alors que ce conseil siège encore, le 15 mars, il apprend que les avant-gardes mongoles sont déjà sur la rive opposée du Danube. Fin mars, les deux colonnes centrales de l'armée mongole opèrent leur jonction devant Pest, la ville située en face de Buda sur l'autre rive du Danube.

La Campagne de Hongrie

Bela ne panique pas. Malgré les réticences de certains nobles hongrois, il a déjà réuni presque 100000 hommes en deux semaines. De plus l'avancée mongole se heurte à deux obstacles: la largeur du Danube et les imposantes fortifications de la ville de Pest.

On notera cependant que Bela ne dispose pas du soutien de l'armée comane de plusieurs milliers d'hommes (il a parfois été question de 80000 hommes) qui s'était réfugiée en Hongrie en 1239. Cette armée s'est en effet dispersé à la suite de l'assassinat de son chef par des nobles hongrois.

Le 7 avril 1241, Bela, confiant dans la victoire, sort de Pest à la tête de son armée. Alors qu'il s'avance, les mongols se retirent. Après plusieurs jours de poursuite, il entre enfin en contact avec eux le 10 avril, près de la rivière Sajo, presque 150 km au nord de Buda et de Pest. Prenant l'initiative, les Hongrois surprennent leurs adversaires en s'emparant d'un pont sur la Sajo. Ils établissent ensuite une solide tête de pont de l'autre côté de la rivière et se retranchent sur la rive ouest dans un camp de wagons enchaînés les uns aux autres. A ce moment Bela IV est confiant: il dispose de renseignements sur l'armée mongole et est parfaitement conscient de sa supériorité numérique.

La bataille de la rivière Sajo, 11 avril 1241

Juste avant l'aube les défenseurs hongrois se trouvent soumis à une pluie de flèches et de pierres, « accompagnée par le tonnerre et des éclairs de feu. » Certains historiens ont affirmé qu'en cette occasion les Mongols auraient utilisé les premiers canons de l'histoire européenne. Il est cependant plus probable que ce ne soient que des catapultes et des balistes, combinées à des pétards chinois, qui aient inspiré cette terreur. Quoiqu'il en soit, il s'est agi là de la version mongole d'une préparation d'artillerie moderne. Ce bombardement mongol ne tarde pas à être suivi d'un assaut violent.

Abasourdis par le bruit et la violence de l'attaque, les défenseurs sont rapidement submergés, et les mongols affluent à travers le pont. Alertée, l'armée de Bela sort en hâte de son camp fortifié. Il devient cependant rapidement évident que ce n'est là qu'une attaque de fixation.

L'effort principal est en effet mené par trois tümens (environ 30000 hommes), peut-être placés sous le commandement direct de Subotaï. Profitant des ombres de l'aube, ces guerriers ont traversé les eaux froides de la Sajo, au sud de la tête de pont, puis ont tourné au nord pour frapper le flanc droit et l'arrière des hongrois. Incapables de résister à cette charge dévastatrice, les défenseurs se réfugient dans leur camp. A 7 heures du matin ce dernier était complètement investi par le mongols. Suivent alors plusieurs heures de bombardement avec des pierres, des flèches et du naphte brûlant.

Il semble alors à quelques hongrois qu'une voie de salut existe à l'est. Un petit groupe entreprend de galoper vers la liberté. Alors que l'assaut mongol monte en intensité, des hommes s'enfuient. Bientôt un flot d'hommes part vers l'ouest. Chacun tente de fuir pour sauver sa peau. De nombreux fugitifs jettent leurs armes afin de courir plus vite. Malheureusement pour eux, ils sont tombés dans un piège tendu par les mongols. Montés sur des chevaux frais, les mongols apparaissent de tous côtés, fauchant les hommes épuisés, les traquant dans les marais, et prenant d'assaut les villages dans lesquels certains ont cherché un refuge. En quelques heures d'une horrible boucherie l'armée hongroise est totalement détruite, laissant entre 40000 et 70000 morts.

Bela IV parvient cependant à s'enfuir de justesse. Avec lui, il n'a plus alors que trois de ses hommes. Profitant de l'effondrement hongrois et de la fuite de leur souverain, les Mongols prennent d'assaut la ville de Pest restée sans défenseurs. Comme à leur habitude, les conquérants entreprennent d'incendier la ville et d'en massacrer la population.

Cette victoire assure aux Mongols le contrôle des terres du Dniepr à l'Oder et de la Baltique au Danube. En quatre mois les Mongols ont vaincu des armées chrétiennes totalisant cinq fois leur effectif.

Ces victoires nomades sèment la consternation en Europe. Cependant, malgré les appels au secours de Bela IV, les Européens se montrent incapable de faire front. Ils demeurent paralysés par la rivalité entre l'Empereur Frédéric II et le pape Grégoire IX qui s'accusent mutuellement de traiter avec les envahisseurs.

Profitant de l'inaction des Européens, les mongols mettent à profit l'été et l'automne 1241 pour faire reprendre des forces à leurs montures dans les plaines de Hongrie. Autour d'eux, par les massacres (estimés à un tiers de la population hongroise) et la terreur (presque tous les survivants ont quitté le pays), les conquérants ont fait le vide. Au début de l'hiver 1241-1242, Batou et Subotaï jugent le moment venu de déclencher la phase suivante de l'invasion mongole de l'occident.

La campagne d'Autriche et la mort d'Ögödaï

Ögödaï meurt en Mongolie le 11 décembre 1241. L'efficacité du système de relais de poste mongol est alors tel qu'il ne faudra que quatre mois à Batou pour en recevoir la nouvelle (la tradition veut que le messager porteur de la nouvelle soit arrivé de Mongolie à la vitesse d'un cheval au galop). Cependant, dans l'intervalle, Batou et Subotaï ont eu le temps de commencer la mise en oeuvre de l'étape suivante de leur plan d'invasion de l'occident. L'Autriche est leur nouvel objectif.

Une nouvelle fois, l'armée est répartie en plusieurs groupes: profitant de l'hiver qui réduit les capacités militaires de l'adversaire, les ailes nord et sud s'ébranlent dès la fin décembre 1241. L'armée du Sud, commandée par Kadan, se lance à la poursuite de Bela IV. Après avoir traversé le Danube gelé, les nomades détruisent Zagreb et se dirigent vers l'Adriatique qu'ils atteignent en mars 1242. Les villes de Cattaro et de Spalato (aujourd'hui Split) sont alors incendiées. Pendant ce temps, l'armée du nord prend la direction de Vienne dont des éclaireurs mongols s'étaient déjà approchés au mois de juillet 1241. Début avril 1242, l'armée principale, celle du centre, va se mettre en route quand un messager arrive de Karakorum - à 10000 kilomètres à l'est- pour annoncer à Batou la mort de son oncle, le grand Khan Ögödaï.

Conformément à la grande Yasa, la seule loi écrite de l'Empire Mongol, Batou et les autres princes sont alors contraints de renoncer à l'invasion car, comme tous les descendants de Gengis Khan, ils ont l'obligation absolue de retourner en Mongolie pour participer à l'élection du nouveau Khan.

Subotaï ayant rappelé les princes présents à leurs devoirs dynastiques, l'ordre est donné de se replier. Des abords de Vienne et de Venise, les tümens font donc marche arrière, pour ne plus jamais revenir. Leur retour les mène par la Dalmatie et la Serbie, puis vers l'est à travers la Bulgarie du Nord. Au passage, avant de retraverser le Danube, les cavaliers nomades détruisent presque entièrement les royaumes de Serbie et de Bulgarie. La mort du grand Khan venait juste de sauver l'occident.

Le bilan de cette campagne

Quoiqu'avortée, la campagne de Batou n'en a pas moins eu des conséquences durables. Malgré le repli des mongols en Moldavie et en Galicie, les opérations engagées n'en ont pas moins considérablement étendu le territoire de Batou qui allait passer à la postérité sous le nom de Khanat de la Horde d'Or. Outre l'ancien royaume de grande Bulgarie sur les bords de la Volga, autour de l'actuel Kazan, ces opérations avaient permis d'annexer les rivages nord de la Caspienne et de la Mer noire. Par ailleurs, et pour plus de deux siècles, les principautés russes se voyaient soumises à ce que les historiens russes ont appelés le joug tatar. Enfin la Hongrie est durablement affaiblie: entre 1240 et 1242, elle a perdu un tiers de ses deux millions d'habitants et la plupart de ses villes ont été rasées. Le Khanat de la horde d'or fut finalement anéanti en 1502 par le Khanat de Crimée, un Etat fondé en 1430 par un descendant d'un frère de Batou. Les tatars de Crimée déportés par Staline étaient les descendants des habitants de cet Etat annexé par l'Empire Russe en 1783.

Zarovitch et Amphisbène