Quarante siècles d'Ecriture Chinoise

L'écriture chinoise est très ancienne. La tradition attribue son invention à un empereur du IIIe millénaire (Fou Hi, Houang Ti ou Ta Yu). Sans remonter aussi haut, les textes les plus anciens dont on dispose remontent au XIIe siècle avant notre ère: il s'agit de questions rédigées sur écaille de tortue à fin divinatoire.

Très tôt la Chine semble avoir disposé de structures administratives complexes: il est donc naturel qu'on y ait développé toute une série de moyens servant à conserver la mémoire des faits et des idées et, de ce point de vue, l'écriture ne représente qu'une des techniques expérimentées dans le monde chinois.

On y fait ainsi appel à la cordelette à noeud (chaque noeud symbolisant un objet ou une idée) et au bâton à entaille (employé par exemple dans le domaine des contrats: on entaillait de la même manière des bâtons appartenant aux contractants afin de garantir la parole donnée).

Divination et Ecriture

Dans le domaine de la divination, fortement développé en Chine depuis des temps immémoriaux, on ne s'est pas contenté de procédés aussi rudimentaires.

En divination par l'achillée, on manipule des bâtonnets qu'on répartit en hexagrammes (les fameux symboles du livre des transformations ou Yi King). Un hexagramme est formé de 6 lignes horizontales dont chacune peut être soit continue soit brisée, ce qui donne 26 combinaisons dont chacune correspond à une idée générale, à un concept ou à un groupe d'idées. Le septième hexagramme " che " est associé à l'idée d'armée, le dixième " li " à celle de poser un pied sur quelque chose etc...

C'est cependant à la divination par l'écaille de tortue qu'on doit les plus anciens exemples connues d'écriture chinoise: on écrivait une question sur une écaille de tortue ou un fragment d'os qu'on présentait ensuite au feu pour obtenir une craquelure qu'il appartenait ensuite au devin d'interpréter.

L'évolution de l'écriture chinoise

On s'accorde généralement pour distinguer trois étapes principales dans la formation de l'écriture chinoise.

L'écriture kia-wen à l'époque Yin

Ces questions, rédigées à partir du XIIe siècle avant notre ère dans une écriture qu'on appelle kia-wen, faisaient appel à un système idéographique possédant au moins 2500 caractères. En dehors de l'absence de clefs on se trouve en présence d'une écriture utilisant les mêmes mécanismes que le chinois moderne.

Etant gravés sur un matériau dur et non peints sur la soie et la papier, les caractères kia-wen présentent cependant une graphie très différente des caractères chinois que nous connaissons. A ce stade les idéogrammes sont encore assez aisément reconnaissables. note lune et note arbre par exemple.

A l'époque Tchéou (IXe-VIIIe siècle avant notre ère) l'écriture évolue et est utilisée pour des inscriptions sur bronze.

L'écriture ksiao-tchouan

Au IIIe siècle avant notre ère, les Ts'in opèrent l'unification politique et culturelle du pays et parviennent notamment à imposer leur écriture: la ksiao-tchouan. C'est à cette époque qu'on commence à employer le pinceau.

On considère généralement qu'après l'invention de la kia-wen, il s'agit là de la seconde étape importante dans l'évolution de l'écriture chinoise.

L'écriture k'ai chou

Avec les caractères k'ai chou élaborés sous la Dynastie des Han orientaux au IIIe siècle de notre ère, l'écriture chinoise prend sa forme moderne.

La conjonction de l'usage du papier, inventée un siècle plus tôt, et du recours au pinceau donne à cette écriture l'aspect que le chinois prend encore aujourd'hui.

Par ailleurs en k'ai chou comme en chinois moderne les caractères sont écrits en colonnes verticales orientées de haut de bas et elles mêmes ordonnées de droite à gauche.

Comme il s'agit d'une écriture manipulant des dizaines de milliers de caractères, on accorde une grande importance à la calligraphie et à la forme et au nombre des traits composant chaque signe: il s'agit en effet d'éviter les confusions.

Enfin en k'ai chou comme aujourd'hui, chaque caractère (y compris sa clef) doit s'inscrire dans un carré idéal de dimension définie.

Influence de la langue chinoise

L'ensemble des écritures précédentes possède au moins une caractéristique essentielle commune: ce sont des écritures de mots. Compte tenu des particularités de la langue chinoise, ce n'est nullement surprenant: en chinois, en effet, le mot occupe une position privilégiée et n'est pas noyé dans les phrases comme dans nos langues occidentales. Il peut être aussi bien verbe que nom ou adjectif.

La phrase chinoise se présente en effet comme une juxtaposition de mots monosyllabiques dont la fonction grammaticale est déterminée uniquement par la place occupée et par quelques mots auxiliaires. Il n'existe ni suffixes, ni préfixes, ni flexions grammaticales à apposer aux mots. Pour réduire les risques de confusion entre homophones à l'oral, chaque monosyllabe se voit affectée d'un ton caractérisé à la fois par sa hauteur et par son inflexion.

Les principes de formation des caractères chinois

On distingue généralement quatres principes qui ont permis de générer les caractères des différentes écritures chinoises.

La représentation figurative d'un objet ou siang hing

En kia-wen il a été vu que que note lune et que représente arbre. Il s'agit d'images pures et simples appelées morphonogrammes et reproduisant les formes de l'objet concret désigné.

L'indication d'une action ou tche che

Pour indiquer les actions, il ne suffit pas cependant de siang hing. En kia-wen des dactylogrammes ont donc été introduits. C'est ainsi que signifie monter et descendre.

La combinaison d'idée ou houei yi

Afin de noter les idées abstraites, on procède souvent par agrégat logique en juxtaposant plusieurs fois le même signe ou plusieurs signes différents. C'est ainsi qu'en kia-wen note arbre (mou), bosquet et forêt. De même la juxtaposition de soleil et de lune donne lumière (ming).

La combinaison d'un élément indiquant le sens et d'un autre précisant la prononciation ou hing cheng

Compte tenu de l'importance du nombre d'homophones, en chinois comme dans beaucoup d'autres écritures, une forme de notation phonétique est introduite par l'intermédiaire du rébus.

Il faut cependant préciser que cette pratique est bien éloignée, en chinois, d'aboutir à l'écriture syllabique. En effet, si un caractère peut parfois être employé avec sa valeur phonétique, ce comportement est l'exception car il n'est permis que pour noter certains mots déterminés.

Par ailleurs l'utilisation d'un même caractère pour deux mots traduit souvent plus qu'une homophonie: un rapprochement sémantique (comme entre wou " sorcier " et wou " menteur "). En général l'usage des clefs permet de déterminer si un caractère est utilisé ou non pour sa valeur phonétique.

A ces quatre principes généraux de formation des caractères chinois s'en ajoutent deux autres dont il ne sera pas question ici: le tchouan tchou ou changement de sens d'un caractère existant et le kia tsie ou emprunt d'un autre caractère.

Le caractère chinois

Nous l'avons vu précédemment, depuis l'apparition de l'écriture k'ai chou au IIIe siècle de notre ère, chaque caractère se doit d'être inscrit dans un carré idéal. Dans cet espace deux éléments prennent place: l'élément " phonétique " et la clef.

L'élément " phonétique "

Le terme phonétique ici employé ne doit pas prêter à confusion: à moins de faire appel à un homophone, cet élément est un idéogramme ne donnant aucune indication sur la prononciation du mot. Il s'agit de l'élément essentiel du mot. Il est placé au coeur du carré idéal dont il vient d'être question.

Chinois

La clef

Au côté de l'élément phonétique, on trouve un autre élément appelé clef et qui sert à indiquer à quelle classe le mot appartient ou à quelle activité il se rapporte. C'est ainsi que les noms d'arbre ont pour clef arbre (mou).

La clef permet donc de préciser le sens de l'élément phonétique. Elle est placée au dessus, en dessous, à sa droite ou à sa gauche.

La clef est aussi un idéogramme (qui donc en général peut aussi être utilisé comme élément phonétique) même si bien souvent elle est déformée ou abrégée. Il arrive même qu'elle puisse être imbriquée dans l'élément phonétique.

Dans la mesure où certains mots peuvent être employés pour leur valeur phonétique, il peut arriver qu'ils forment l'élément phonétique d'homophones. Dans ce cas on peut avoir un élément phonétique formé d'un mot complet (élément phonétique plus clef de l'homophone) auquel il faut ajouter une clef: il y aura donc deux clefs. Ainsi par exemple mûrier (sang) a pour clef arbre (mou) mais gosier (également sang) a pour élément phonétique mûrier auquel on ajoute la clef bouche (k'eou).

Au IIe siècle de notre ère, on comptait 540 clefs. Il n'y en a plus que 214 aujourd'hui. Ces 214 clefs sont réparties en 17 catégories suivant le nombre de traits dont elles sont dessinées.

Dans les dictionnaires chinois, les mots sont réparties en 214 rubriques (chacune correspondant à une clef) et dans chaque rubrique, les mots sont classés suivant le nombre de traits composant leurs éléments phonétiques.

L'esperanto des yeux

Le monde chinois connaît toute une foule de dialectes dont le mandarin, parlé à Pékin, n'est qu'un exemple. C'est pourtant lui que note du point de vue phonétique l'écriture chinoise actuelle. La syntaxe, cependant, demeure celle de l'ancien chinois.

On présente souvent comme une faiblesse la fait que l'écriture chinoise soit non phonétique dans son principe. Cette faiblesse devient une force quand on songe qu'ainsi des chinois parlant des dialectes très différents peuvent se lire alors qu'ils ne pourraient nécessairement se comprendre en parlant de vive voix. Plus que la langue c'est donc l'écriture qui fonde l'unité du monde chinois.

N'étant point la reproduction phonétique d'un dialecte, l'écriture chinoise ne dépend que faiblement de la langue qu'elle note. Sans doute il n'est pas simple d'apprendre une écriture aussi complexe que celle des chinois mais, une fois apprise elle permet de comprendre tout texte faisant appel à elle même si on ignore la langue employée par l'auteur. Le sinologue suédois Karlgren a décrit l'écriture chinoise comme un Esperanto des yeux. Quelle différence avec l'écriture latine qui, aussi simple qu'elle soit, est bien éloignée de garantir la compréhension de tous les textes qu'elle note: il ne suffit pas de savoir lire le français pour comprendre un texte turc ou islandais.

Un autre écueil du phonétisme et que parvient à éviter l'écriture chinoise est le suivant: la langue évolue beaucoup plus vite que l'écriture et avec cette évolution la littérature ancienne finit par devenir inintelligible dans son texte d'origine. Mao Zedong entendait écrire à la manière de Li Po alors que les textes rédigés en vieux français ne sont plus compris par les francophones actuels.

Sans doute, l'écriture chinoise n'est pas dépendante de la langue des hommes qui font appel à elle au même degré que les écritures phonétiques, elle n'en est pas moins si étroitement adaptée aux caractéristiques du chinois qu'a priori elle peut sembler difficilement utilisable pour noter d'autres langues. La lecture du chinois nécessite en effet toute une gymnastique de l'esprit qui est celle de la langue chinoise et qui donc serait malaisée à acquérir pour quelqu'un ne maîtrisant pas cette langue.

En ce sens, la notation phonétique est plus universelle puisque moyennant quelques adaptations elle permettra de noter n'importe quelle autre langue. Pourtant, malgré ses particularités, l'écriture chinoise a été employée aussi pour noter d'autres langues que celles de la Chine.

Le rayonnement de l'écriture chinoise

Sans doute, la langue chinoise permet d'expliquer bien des caractères de l'écriture qui a été inventée pour la noter. Il n'en est pas moins vrai que cette écriture a connu un rayonnement tel qu'elle a aussi été adoptée par des peuples usant de langues fort différentes du chinois.

C'est le cas notamment pour les coréens. Dès le IVe siècle de notre ère, la langue et l'écriture chinoise semblent avoir pénétré la société coréenne, en même temps que le bouddhisme.

Dès le VIIe siècle, on a commencé à faire usage de l'écriture chinoise pour noter la langue coréenne. Dans la mesure où le coréen est une langue très différente de la langue chinoise et qu'en particulier elle est particulièrement riche en désinences que, telle quelle, l'écriture chinoise est impropre à noter, Se Tchong en 697 propose d'affecter à cet effet un rôle phonétique à certains signes chinois. Cela revenait à créer un syllabaire à côté des idéogrammes chinois. Ainsi un idéogramme voit sa valeur précisé par sa désinence qu'on note de manière syllabique. Ce complément phonétique continuera d'être employé jusqu'au XIXe siècle.

Au XVe siècle, un alphabet est introduit pour noter la prononciation non du coréen mais des caractères chinois. Par la suite cette écriture servira aussi à noter le coréen mais en évoluant vers le syllabisme.

Le cas japonais est encore plus intéressant. La langue japonaise n'a que peu de points communs avec la langue chinoise: elle n'est pas composée de monosyllabes de mots de longueur variable; elle ignore les tons à la chinoise mais elle fait appel à toutes sortes d'affixes, de particules et de mots auxiliaires.

On le voit, a priori, l'écriture chinoise peut sembler complètement inadaptée pour noter la langue des habitants du pays du soleil levant. Dès le IVe siècle de notre ère, et peut-être encore plus tôt, l'écriture chinoise est pourtant adoptée par les japonais. Il est possible que cette écriture leur ait été transmise par l'intermédiaire des coréens car on sait qu'à cette époque des échanges culturels avaient lieu avec la Corée. Le voyage en 405 de deux lettrés Corée Wang In et Ajiki au Japon reste ainsi gravé dans toutes les mémoires.

Au VIe siècle, le Bouddhisme est introduit au Japon et, avec lui, la littérature religieuse chinoise. Ce mouvement s'accompagne d'une popularisation de l'écriture chinoise au Japon et incite les lettrés à introduire des signes conventionnels visant à faciliter la lecture des textes chinois en indiquant aux japonais dans quel ordre il convenait qu'ils lisent les mots afin que la phrase chinoise prenne un sens en japonais.

Parallèlement à cette pratique il en est une autre qui se manifeste alors. On se met à noter des mots japonais de manière phonétique en associant aux caractères chinois leur prononciation approximative telle qu'elle pouvait être comprise par une oreille japonaise. Au VIIIe siècle, l'ouvrage des 10000 feuilles utilise cette notation phonétique.

Cependant, avec le progrès de la connaissance du chinois chez les lettrés japonais, les idéogrammes chinois retrouvent leur sens et on se met à rédiger des textes mêlant des caractères chinois employés avec leur valeur idéographique et des caractère chinois utilisés pour leur valeur phonétique.

Afin de réduire les risques de confusion liés à ce double emploi des caractères chinois, on commence par limiter le nombre des caractères susceptibles d'être employés avec un valeur phonétique puis on renonce purement et simplement à l'utilisation de signes chinois pour la notation phonétique en introduisant le système des kanas. Les kanas sont des syllabaires (hira kana et kata kana se distinguant surtout au niveau graphique) constitués de manière définitive au XIIIe siècle. Ces syllabaires comportent 48 signes: 42 syllabes ouvertes à consonne initiale, 5 voyelles et le n final nasalisé.

L'introduction des kanas aboutit à l'écriture mixte que les japonais connaissent toujours aujourd'hui: mi-idéographique (avec les kinjas ou caractères chinois) et mi-phonétiques (avec les deux kanas).

On le voit, moyennant quelques adaptations, l'écriture chinoise permet de noter de toutes autres langues que celle des fils de Han. On pourrait d'ailleurs mentionner encore d'autres exemples. L'annamite, langue il est vrai apparentée au chinois, a ainsi longtemps été notée en caractères chinois. Chaque mot annamite était transcrit par deux caractères chinois: l'un phonétique et l'autre idéographique.

Il n'en demeure pas moins que, sans adaptation, l'écriture chinoise quoique peu dépendante du phonétisme, ne se prête pas toujours aisément à la retranscription de textes pensés dans des langues dont la gymnastique intellectuelle est très différente du chinois. C'est pour cette raison que la traduction depuis et vers le chinois à partir des langues indo-européennes n'est jamais chose aisée. Tirons donc notre chapeau aux traducteurs chinois qui, actuellement, sont en train de traduire l'Ulysse de James Joyce dans leur langue maternelle.

Peinture et calligraphie

En Chine, l'instrument de l'écriture est le pinceau. Cet élément qui rapproche la calligraphie de la peinture n'est nullement isolé.

On sait ainsi que la plupart des peintres chinois furent aussi de calligraphes. Zao Wou-ki n'hésite d'ailleurs pas à intégrer dans sa peinture des signes qui tantôt ressemblent à des caractères chinois sans en être et tantôt en sont.

La connivence des deux arts du calligraphe et du peintre peuvent d'ailleurs aisément s'observer au travers des aspects presque calligraphiques de la peinture chinoise: importance attachée au tracé, stylisation des formes et opposition des noirs et des blancs.

Certains théoriciens de la peinture chinoise vont jusqu'à prétendre que les huit traits fondamentaux de la calligraphie donnent la clef, non seulement de tous les caractères mais aussi de toute la peinture.

Le vocabulaire de la calligraphie chinoise est largement figuratif. On conseille aux apprentis calligraphes de se méfier du " corset de guêpe ", d'éviter la " queue de souris ", de fuir la " tête de boeuf ", de faire attention à la " branche brisée " et de se garder de la " patte de cigogne ".

Au moment de tracer un trait, l'artiste doit prendre conscience de ce qu'évoque ce trait. Les traités de calligraphie abondent en comparaisons naturalistes. La ligne horizontale (heng) peut être comparée à un long nuage se terminant abruptement, le point (tien) à un rocher qui tombe avec violence du haut d'une falaise, etc...

Tout cela, cependant, ne suffit pas au calligraphe. Il faut encore que le caractère, réunion des éléments précédents, tende, sans perdre sa signification, à évoquer un autre objet. " Quand on a fini d'écrire un caractère, explique Wang Hi-tche, il faut que ce caractère ait l'aspect d'une chenille rongeant une feuille d'arbre, ou d'un têtard nageant dans l'eau; quelquefois c'est un guerrier qui tient son épée, ou encore une jeune fille en toilette élégante. "

Ecriture Chinoise et Imprimerie

Il est un domaine où les systèmes alphabétiques ont montré leur supériorité sur l'écriture chinoise: c'est celui de l'imprimerie. N'est-il pas en effet paradoxal que ce soit à l'imprimerie que l'écriture latine doive une partie de son considérable succès alors que c'est en Chine que fut inventé cet art essentiel?

Dès le début de notre ère, c'est à dire avec un millénaire d'avance sur les européens, les chinois semblent avoir connu et pratiqué les impressions xylographiques.

L'étape décisive, cependant, n'est pas franchie avant le XIe siècle. A cette époque, et avec 4 siècles d'avance sur Gutemberg, Pi Ching et ses collaborateurs ont développé l'impression sur presse avec des caractères mobiles métalliques.

Cependant, et malgré la réalisation de quelques livres par ses techniques - comme le Jik ji sim kyorag imprimé en 1377 - on est bien éloigné d'assister en Chine à cette multiplication de l'imprimé qu'on observera en Europe à partir du XVe siècle. A la fin du XVe siècle 20000 titres ont fait l'objet d'une édition imprimée et dix fois plus à la fin du XVIe siècle.

En Chine, rien de comparable: d'une part l'écriture de par les études qu'elle nécessite demeure l'apanage des lettrés et n'est donc pas maîtrisée par l'ensemble des chinois; d'autre part, comme le travail des typographes chinois qui ont à manier des milliers de caractères est bien plus ardu que celui de leurs homologues européens auxquels suffisent 26 lettres, il se révèle moins pratique en Chine qu'en Europe de faire appel à des caractères mobiles.

Amphisbène