Le plateau de Guizeh est un immense plateau désertique qui surplombe le Nil d'une quarantaine de mètres, proche de Memphis, capitale de l'Egypte pharaonique.
Ce plateau contient l'une des sept merveilles du monde: les Grandes Pyramides (dites Pyramide de Cheops, Chephren et Mykerinos, des noms des pharaons qui les ont probablement fait construire), ainsi que le Sphinx. Ces prodiges d'architecture (construits sous la IVe dynastie) sont entourés de monuments annexes (petites pyramides accompagnant les trois Grandes, temples...).
La première pyramide (la plus grande, d'une hauteur de 140 mètres) fut construite par le pharaon Cheops (qui régna vers 2700 avant JC). Ce pharaon eut une fille blonde (ce qui était très rare à l'époque, et qui s'explique par des influences kabyles), qui eut elle- même pour fils le pharaon Chephren, qui fit construire la deuxième pyramide; on considère généralement que le visage du Sphinx est le sien. Un troisième pharaon, Mykerinos, construisit ensuite la plus petite pyramide, haute de 66 mètres.
Les Pyramides, leur disposition, leur constitution interne et leur but intriguèrent et intriguent toujours les milieux archéologiques et historiques.
A propos de la disposition, on ne peut que remarquer à première vue qu'il règne un «doux désordre» sur le plateau de Guizeh: les trois Grandes Pyramides ne sont pas alignées, le Sphinx est placé un peu plus loin... Il n'y a apparemment aucune règle logique dans le positionnement des constructions sur le plateau. Cela a longtemps intrigué les chercheurs, car les bâtisseurs égyptiens ont une réputation de rigueur et de logique. Ils sont également connus pour «dire sans dire, cacher sans cacher, montrer sans montrer».
Intérieurement, les Pyramides sont creusées de couloirs, de salles et de galeries. Dans la pyramide de Cheops par exemple, l'entrée (rebouchée par les bâtisseurs, cette entrée fut découverte par hasard, après que les Arabes en aient forcé l'entrée à coups de canons) donne sur un couloir descendant vers une salle qualifiée d'«inachevée» (le sol de cette salle n'étant pas plan); un autre couloir démarrant quelques mètres après l'entrée dans le premier couloir part vers le haut. A quelques mètres, il donne d'une part sur un couloir horizontal qui débouche sur une salle qualifiée de «salle de la reine» (sans aucune justification), et sur une galerie plus haute que le couloir, mais de même inclinaison, qui débouche sur une salle qualifiée de «salle du roi» (sans davantage de justification). Enfin, à partir de ces deux salles partent vers le haut des couloirs plus étroits (ceux de la «salle du roi» débouchant à l'air libre, ce qui n'est pas le cas de ceux de la «salle de la reine»), qualifiés de «canaux d'aération» (toujours sans justification).
Quant au but des Pyramides, jamais personne n'en sut vraiment quelque chose avec certitude. Les spécialistes hésitent entre un but funéraire, initiatique ou scientifique, proposant des hypothèses sur la nature exacte des Pyramides aussi variées que des temples, des observatoires, des abris anti-radiations, des tombeaux... L'hypothèse la plus retenue (tout au moins pour les autres pyramides d'Egypte) est celle de tombeau. Cependant, cela ne semble pas être le cas avec les trois Grandes Pyramides: en particulier celle de Cheops semble ne jamais avoir contenu le corps du pharaon, ni avoir été prévue pour cela.
Cependant, le travail acharné des nombreux égyptologues a porté ses fruits.
Ainsi, en ce qui concerne la disposition des pyramides, des chercheurs ont découvert que sous le désordre apparent qui semble régner sur le plateau de Guizeh, règne en fait une grande harmonie géométrique.
En effet, entre toutes les constructions réparties sur le plateau, passent un grand nombre de figures remarquables (tels des cercles faisant intervenir le rapport 22/7, des triangles rectangles, isocèles ou équilatéraux, des carrés appuyés sur les triangles remarquables...). Cette «géométrie sacrée» inclut toutes les grandeurs du plateau, y compris les tailles des pyramides, les positions et les dimensions des salles et des couloirs...
Cela tend à prouver que la construction des pyramides relevait d'un vaste projet initial et qu'elles ne sont pas le fait de constructions indépendantes de leur pyramide respective par chacun des trois pharaons.
En fait, on sait que les scribes et les bâtisseurs de l'Egypte ancienne étaient détenteurs d'un important savoir géométrique, basé sur un certain nombre de figures remarquables (figures comme les triangles remarquables portant des noms: «triangle sacré», «triangle sublime», mettant en oeuvre des nombres remarquables comme le nombre d'or (1+5½)/2; étoiles à cinq, six, sept ou huit branches; carrés mettant en oeuvre également le nombre d'or...). De plus, ils étaient capables de représenter ces figures remarquables à partir de moyens simples: leurs seuls instruments étaient des cordes et des piquets... C'est cette «géométrie sacrée» qui a été mise en oeuvre sur le plateau de Guizeh (lequel a d'ailleurs lui-même la forme d'un triangle isocèle...).
Par ailleurs, à travers le plateau de Guizeh, les chercheurs remarquèrent également une «omniprésence» d'une série d'angles, que l'on retrouve plus tard en Europe (par exemple dans les cathédrales). Cette série d'angles part des angles du «triangle sacré» (triangle rectangle de côtés multiples de 3, 4 et 5): 36° et 54°, et comprend tous les angles multiples de 18°: 18°, 36°, 54°, 72°, 90° et 108°.
Enfin, à propos de la fonction des Pyramides, parmi les multiples hypothèses existantes, nous allons présenter ci-après l'hypothèse envisagée par les chercheurs ayant mis en évidence l'harmonie géométrique du plateau (contrairement à celle-ci, l'hypothèse suivante n'est pas aussi certaine):
La fonction des Pyramides pourrait être en fait de servir de «maquette» des installations en sous-sol du plateau. L'ensemble des salles et des galeries serait ainsi une maquette placée verticalement du sous-sol (horizontal) du plateau de Guizeh.
En faveur de cette hypothèse, les chercheurs ont trouvé plusieurs éléments de confirmation.
Tout d'abord, la géométrie a également son mot à dire: d'une part on constate un décalage des salles et des galeries dans les pyramides par rapport à leur axe vertical (ce qui représenterait la profondeur à laquelle seraient enfouis les installation souterraines); d'autre part, le report de l'architecture interne de la Pyramide de Cheops sur le sous-sol du plateau s'adapte assez bien avec les divers bâtiments en surface (bâtiments, pyramides...); la conjonction de l'architecture en surface et de l'architecture souterraine donne encore une harmonie géométrique étonnante. De plus, les archéologues ont découvert un puits situé juste au dessus de l'équivalent souterrain de l'un des «canaux d'aération» partant de la «salle du roi» et soupçonnent l'existence d'un autre puits situé au dessus de l'équivalent souterrain de l'un des «canaux d'aération» partant de la «salle de la reine»...
Ensuite, certains éléments dans des textes anciens apportent également des indices en ce sens: ainsi, un papyrus relatif à Cheops mentionne l'existence d'un sanctuaire souterrain du dieu Thot. Les salles et les galeries sous le plateau de Guizeh pourraient être ce sanctuaire...
Enfin Hérodote (dont le séjour en Egypte se situe à mi-chemin dans le temps entre l'époque à laquelle furent construites les Pyramides et la nôtre) mentionne l'existence d'une «île en dessous des pyramides». Or on a retrouvé les traces d'un canal d'irrigation situé de l'autre côté du plateau de Guizeh par rapport au Nil. Les «canaux d'aération» souterrains seraient alors des canaux d'irrigation, et le complexe souterrain serait ainsi entouré d'eau, d'où la mention de l'île par Hérodote.
Cependant, comme on l'a dit plus haut, la confirmation archéologique de cette hypothèse reste encore à trouver, si l'harmonie géométrique est, elle, certaine.
Bibliographie:
Guy Mouny et Guy Gruais: | «Le Grand Secret des Pyramides de Guizeh», Editions du Rocher, 1992 |